Pour sentir le pouvoir de celui qui meurt, regardez le crucifié. Ceux à qui Augustin s’adresse, n’ont pour soutenir leur regard que la parole qu’ils entendent. Quel Christ en croix représente-t-elle ? Un verbe s’impose : le Christ est pendu. Ce choix dit le réalisme et l’horreur : voir le crucifié, c’est compter tous les os d’un homme exposé, sanglant et dont les traits ont perdu forme humaine. Un sens historique conduit Augustin à des précisions concrètes que l’Antiquité seule perçoit, sans l’empêcher de recourir aux images pour dire le mystère : le crucifié embrasse librement les hommes agités par la violence d’un mal qui les précède. Le Racheteur, ni contraint par la nécessité, ni exténué par la souffrance, transfigure toute mort en sa mort volontaire dans la paix. Augustin contemple ce moment à partir d’une interprétation originale de versets bibliques. Pour aller jusque-là, il faut rejoindre l’orateur au moment de sa conversion et l’accompagner dans sa mémoire des auteurs profanes. Il faut le suivre dans son sens des mots et dans sa manière de se tenir à l’écart de son temps, celui de la gloire de l’Église qui diffuse l’image de la croix dans un ton de victoire. Ce livre cherche à définir le moment augustinien en ne craignant de s’arrêter ni sur des documents littéraires plus éloignés ni sur des témoins iconographiques. Un index thématique sur la croix permet à chacun de circuler librement et de faire le chemin qu’il veut pour voir ce que la parole donne à entendre.